C’est là question subsidiaire. Savon d’Alep ou savon de Marseille ?
Du pareil au même, diront certain.e.s.
Oh que non, diront d’autres.
Pour démêler tout cela, je fais un tour complet des 7 différences et des 7 points communs entre ces 2 savons de renommée. Vous allez être incollable sur la question 😉
Les 7 différences entre un savon de Marseille et un savon d’Alep
DIFFÉRENCE N°1
La ville d’origine (et de fabrication)
Les 2 savons portent dans leur nom toute leur différence !
La ville de Marseille (en France) et celle d’Alep (en Syrie), berceau de chacun de ces 2 pains, gardent jalousement l’origine, la fierté (et les savonneries) qui font leur réputation.
Quand le premier est le plus vieux savon du monde (fabriqué depuis 3 500 ans dans la Mésopotamie ancienne) et l’ancêtre de tous savons, le second est un pain bien de chez nous !
DIFFÉRENCE N°2
La couleur
Autre différence : leur aspect.
Le savon de Marseille est de couleur verte (s’il est fortement dosé en huile d’olive) ou blanc (s’il contient plus d’huile de coprah ou de palme).
Le savon d’Alep présente lui une couleur brun doré et un cœur vert émeraude. Il se présente aussi souvent comme un cube ou un parallélépipède aux contours irréguliers, reflet d’un travail artisanal et d’une découpe à la main.
DIFFÉRENCE N°3
L’huile de baies de laurier
C’est l’ingrédient signature du savon d’Alep (et que le pain de Marseille n’a pas). Il est présent d’ailleurs à différentes teneurs : généralement de 5% à 35%/40%, voire dans certains cas 55%.
Une petite différence qui fait justement toute la différence, car cette huile précieuse et rare apporte tous les bienfaits au pain alépin.
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À vos marques. Prêts !
DIFFÉRENCE N°4
Les bienfaits et vertus
Parce qu’il est précisément enrichi en huile de baies de laurier, les nombreux bienfaits du savon d’Alep sont recommandés par les dermatologues.
Hydratant, apaisant, antiseptique, anti-inflammatoire, astringent ou cicatrisant.
Des vertus idéales pour les épidermes sensibles et à problèmes (eczéma, psoriasis, acné, dermatite,…), pour se laver le corps, le visage et le cuir chevelu.
Quant au vrai savon de Marseille, composé uniquement d’huile d’olive, est moins spécialisé pour la toilette corporelle.
DIFFÉRENCE N°5
Le surgras
Le véritable savon d’Alep a la particularité de faire partie de la prestigieuse famille des savons surgras (le savon de Marseille ne l’est pas en revanche).
C’est l’huile de laurier (toujours elle), ajoutée en toute fin d’élaboration, qui donne cette caractéristique. Non saponifiée, elle apporte un surgraissage aux multiples bienfaits.
Hydratation, douceur, nutrition et surtout protection du film hydrolipidique (la barrière cutanée). Il a ce pouvoir de prévenir du dessèchement, des sensations de tiraillements et des agressions extérieures.
DIFFÉRENCE N°6
L’huile de palme ou de coprah
C’est la seconde huile qui entre dans la composition du savon de Marseille, après l’huile d’olives (et donc le savon d’Alep en est dépourvu). Elle est utilisée pour obtenir un produit qui mousse mieux et qui est plus solide et dense.
Ingrédient controversé (pour des raisons écologiques et environnementales), certaines marques le bannissent désormais de leurs formulations et se sont engagés à renouer avec la recette originelle et traditionnelle à l’huile d’olive pur.
DIFFÉRENCE N°7
Son usage de prédilection
Le savon de Marseille traditionnel est un nettoyant polyvalent. Il est parfait pour l’hygiène corporelle (des peaux normales), et pour l’entretien de la maison (nettoyage, lessive et produit ménager). Une polyvalence qui a ces adeptes et ses aficionados.
On recommande le savon d’Alep plus particulièrement comme cosmétique corporel, soin beauté pour tous les types de peaux (et même shampoing). Des épidermes sensibles, fragiles et délicates aux peaux grasses, en passant par les celles sèches et à problèmes (acné, psoriasis, pellicules,…), il est idéal pour le lavage quotidien.
Les 7 points communs des savons d’Alep et de Marseille
POINT COMMUN N°1
L’huile d’olive
L’huile d’olive est le trait d’union entre le savon d’Alep et le savon de Marseille.
Parce que l’huile d’olives est une matière première abondante dans ces régions d’oliveraies.
Mais aussi puisque cette huile, riche en acides gras essentiels, en vitamine A et E et en actifs hydratants, est un ingrédient clé en savonnerie pour fabriquer un savon solide, dur et naturel.
POINT COMMUN N°2
Une tradition ancestrale
Savon de Marseille et d’Alep partagent une longue tradition.
Les origines du savon d’Alep remontent aux Sumériens, dans la région de Babylone, il y a plus de 3 500 ans. Des générations de maîtres savonniers se transmettent depuis ce savoir-faire millénaire.
La tradition du savon de Marseille est issue du voyage de ce savoir-faire du Moyen-Orient sur le pourtour méditerranéen. Les croisades importèrent donc le savon en Europe. Et, c’est Louis XIV à travers l’édit de Colbert de 1688 qui précisa les règles de la production du véritable savon de Marseille.
POINT COMMUN N°3
Les ingrédients naturels
Un produit simple et vrai… comme nos grands-mères (françaises ou arabes) l’aimaient.
C’est ce qui définit l’un et l’autre.
À la clé, aucun colorant, parfum, conservateur, additif chimique ou graisse animale. Que des ingrédients 100% naturels et d’origine végétale (et donc vegan 😉).
Et par conséquence, aucun produit chimique qui pourrait être agressif et irritant avec le derme.
POINT COMMUN N°4
Une solution écologique et biodégradable
Avec sa formulation naturelle d’une part, et l’absence de flacon ou d’emballage d’autre part, ils sont parfaits pour sa routine zéro-déchet. Cette alternative à nos gels douches et shampoings contribue à la préservation de l’environnement et de notre planète.
En définitive, ils sont bons pour la peau ET pour la nature ! Que demander de mieux ?
POINT COMMUN N°5
Une saponification à chaud
Autre point commun : la technique de saponification. C’est en effet la saponification à chaud qui est à la base de la réaction chimique de fabrication du savon. Les huiles sont chauffées dans des chaudrons. Contrairement aux idées reçues, les propriétés de l’huile d’olive — rappelons le qui supporte très bien la chaleur — sont conservées. Pour le savon d’Alep, l’huile de baie de laurier, rare, précieuse et onéreuse, n’est ajoutée qu’une fois la chauffe terminée. Ses propriétés restent ainsi intactes.
POINT COMMUN N°6
Des savons durs
Les savons solides durs naissent de la formule chimique :
corps gras + hydroxyde de sodium (NaOH) = savon dur.
Kesako ?
L’hydroxyde de sodium, également connu sous le nom de soude caustique, est la solution alcaline indispensable au processus. C’est le savoir-faire du maître savonnier et sa maîtrise de l’utilisation de cette base forte (et de sa proportion par rapport aux huiles végétales utilisées) qui permettent d’obtenir un savon dur, de qualité, sûr et pur.
POINT COMMUN N°7
Un savoir-faire non protégé
Ces 2 savons ont aussi le point commun de ne bénéficier ni l’un ni l’autre d’une AOC, d’une IGP ou d’une protection géographique mondiale.
Autant dire que face à cette absence de protection, tous deux sont confrontés au même problème : leur fabrication peut se faire partout dans le monde, quelques fois loin de leur berceau géographique. Et on trouve sur les étals de multiples contrefaçons de plus ou moins bonne qualité.
Alors, team savon d’Alep ou team savon de Marseille ?
Quoi qu’il en soit, tous deux sont des indispensables à avoir dans sa salle de bain.
Bref, faites-vous mousser… sans modération !