Que contient le savon d’Alep ? C’est la question clé que l’on se pose avant d’utiliser ce pain. Et pour dire vrai, sa composition renferme juste ce qu’il faut. Des ingrédients d’origine naturelle et rien de plus !
On vous dit tout sur ce pain qui permet d’avoir une belle peau douce, sans artifice (et on vous révèle aussi ses secrets de fabrication) !
Au cœur de la composition du savon d’Alep, peu d’ingrédients
Décortiquons les étiquettes…
Uniquement de 4 composants composent l’authentique savon d’Alep : de l’huile d’olive, de l’huile de baies de laurier, d’eau et de traces de soude caustique végétale.
Une composition des plus simples qui classe ce pain comme un savon naturel (au même titre que le savon de Marseille ou le savon de Castille pour ne citer qu’eux).
À noter aussi que ce sont exclusivement des huiles nobles et précieuses. Toujours exempt d’huile de coprah, d’huile de palme ou de graisse animale.
La liste INCI (Sodium olivate, Aqua, Laurus nobilis, Sodium chloride et Sodium hydroxide) est aussi des plus succinctes. À la clef, aucun conservateur, parfum, silicone et sans colorant, tensioactif, paraben ou substance chimique. Une composition dénuée d’additif controversé qui garantit une formulation respectueuse de votre corps et un allié de taille pour la toilette de tous les types de peau (pour le corps comme le visage ☺️).
De précieuses propriétés pour la santé de votre épiderme
Les actifs contenus dans l’huile d’olive et l’huile de laurier sont puissants et vertueux, notamment pour prendre soin du film hydrolipidique, la barrière naturelle de l’épiderme. Car, ce sont en premier lieu les ingrédients du savon d’Alep qui sont à l’origine de tous ses bienfaits.
Hydratant, nourrissant, antioxydant, assouplissant, apaisant, astringent, antiseptique, cicatrisant.
La liste des vertus est longue, et sont à la hauteur de la réputation de ce cosmétique solide. C’est d’ailleurs une base lavante recommandée en cas d’acné, d’eczéma, de psoriasis, d’irritations, de démangeaisons et de tous nos petits problèmes de peaux.
Mais c’est aussi le bénéfice de 2 autres caractéristiques de la composition du véritable savon d’Alep : un produit naturellement glycériné et un savon surgras.
Ces bienfaits de la glycérine et du surgraissage sont multiples pour l’épiderme :
- Ils maintiennent l’hydratation cutanée en laissant une légère couche protectrice pour limiter les pertes d’humidité.
- Ils améliorent l’élasticité de la peau en la nourrissant et l’hydratant en profondeur.
- Ils protègent des agressions et irritations extérieures (vent, froid, pollution, UV, etc.), en stimulant les défenses naturelles du derme.
- Ils ont un effet lissant sur la peau, grâce à leurs propriétés tensioactives.
- Ils adoucissent et favorisent la réparation de l’épiderme en favorisant la synthèse des lipides dans l’épiderme.
Bref, de véritables atouts pour une utilisation au quotidien et pour prendre soin de sa peau naturellement.
Les secrets de fabrication du plus vieux savon du monde
Revenons à l’origine et à l’histoire…
L’histoire du savon débute en 2 500 ans avant J.-C., il y a donc 4 000 ans, en Mésopotamie (sur le territoire de l’actuelle Syrie). Une tablette sumérienne de la région de Babylone mentionne pour la première fois la fabrication de savon. Ou du moins d’une pâte savonneuse, mélange d’huile végétale, d’argile et de cendres. Les Sumériens l’utilisaient à des fins médicales et s’en servaient également pour laver la laine et le coton.
La composition et la recette traditionnelles du savon alépin (qui est à l’origine de tous les savons durs dans le monde) sont élaborées à partir du VIIIe siècle. Et c’est à partir de la ville d’Alep, le berceau original, que les Croisés vont importer les techniques de production arabes en Occident. Les premières savonneries voient le jour en Europe, en Italie, en Espagne puis en France. À Marseille, ce sera exactement au XVè siècle.
Savons d’Alep vs savons de Marseille
On rapproche souvent le savon d’Alep et le savon de Marseille.
À juste titre. Ce sont des cousins, ou plutôt des parents !
Le savon d’Alep est le plus vieux savon du monde. Sa recette a voyagé autour de la Méditerranée : les Marseillais l’ont reprise et modifiée pour élaborer ce qui sera le savon de Marseille.
Outre cette filiation, d’autres points communs unissent ces pains de savon.
Tous deux sont des savons solides et 100% végétaux. Leurs compositions respectives étant à base d’huiles saponifiées à chaud.
Seules diffèrent les huiles utilisées. Quand le savon d’Alep authentique est à base d’huiles d’olive et de laurier, le savon de Marseille est lui composé d’huile d’olive, d’huile de coco et d’huile de palme.
Le long et minitueux travail du maître-savonnier pour élaborer le savon d’Alep
Le savon d’Alep est avant tout un produit artisanal, fruit d’un savoir-faire et de gestes ancestraux. Les générations se transmettent ses secrets de production, réalisée de façon identique depuis des siècles, au sein de savonneries souvent familiales.
Pour fabriquer un savon d’Alep, 4 étapes sont nécessaires :
La saponification
L’huile d’olive et la soude caustique sont versées dans des chaudrons qui ont la forme de grandes cuves métalliques. Le mélange est chauffé et porté progressivement à ébullition.
La chauffe dure entre 2 et 3 jours durant lesquels les artisans contrôlent régulièrement le bon déroulement du processus. Et, le meilleur moyen de savoir si la pâte savonneuse est prête, est de la goûter !
Lorsque la saponification de l’huile d’olive est complète, on ajoute l’huile de baie de laurier selon la proportion souhaitée. Cet ajout de gras en toute fin de saponification fait du savon d’Alep un savon surgras.
Puis, les artisans rincent la préparation à l’eau salée afin d’éliminer la soude.
Le coulage
La pâte à savon obtenue est coulée à même le sol, dans une pièce dédiée et de grande surface (il faut 400 m2 au minimum pour une cuve de pâte). Petit détail : une grande feuille de papier ciré posée sur le sol tapisse la dalle. On retrouve parfois ce papier sur le pain que l’on achète : un détail qui en dit long sur sa fabrication !
Une fois coulée, la pâte est égalisée et lissée pour former une couche de 5 à7 cm d’épaisseur à l’aide de spatule et d’étalon.
La préparation est à ce moment verte, chaude et liquide. Elle va reposer et refroidir une nuit entière.
La découpe et l’estampillage
Une fois la pâte à savon solidifiée (mais non dure), le temps est venu de la découpe. Pour cette étape, on utilise un outil ressemblant à un râteau et dont les dents sont des lames. Un ouvrier monte sur ce râteau pour exercer une pression, les autres le tirent. Ainsi, on divise la masse de pâte à savon en bandes et en cubes de 5 à 6 cm réguliers et découpés proprement.
Un ouvrier vient ensuite estampiller chaque cube. D’un geste ferme et précis, il frappe la face supérieure avec son marteau spécial. Le sceau unique reprend, en lettres arabes, la dénomination Alep, le nom du maître-savonnier et la qualité du savon.
Le séchage
Les pains sont ensuite placés dans une salle de la savonnerie, pour sécher à l’abri de la lumière. Ils sont empilés en quinconce et souvent en tour ou en pyramide. Cette disposition permet à l’air de circuler tout autour des cubes et de garantir un séchage uniforme.
Traditionnellement, le temps de séchage dure entre 6 et 9 mois, durant lequel la soude qui subsiste se décomposera. Un affinage long qui permet d’obtenir un savon dur, à maturité et de qualité.
C’est aussi pendant ce temps que le savon prend son aspect et surtout sa couleur si caractéristique due à l’oxydation : une surface jaune-brune et un cœur vert…
Vous voilà incollable sur la composition et l’élaboration du vrai savon d’Alep. Maintenant que vous connaissez les détails de ce produit d’exception, il ne vous reste plus qu’à le découvrir et le tester (si ce n’est pas déjà fait !).
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